Swedish House Mafia. [PV : Lavi Bookman]

&

A peine avais-je posé mes marques dans cet endroit baptisé Congrégation de l’Ombre, que l’on me demandait dans le Bureau d’affectation des missions. En soit, comme tout nouveau membre, je ne savais pas vraiment ce qui allait me tomber dessus, mais la soif d’apprendre gomma bien vite ces futiles interrogations alors que mon orbe unique glissait sur les murs tous identiques de cette Tour fort âgée. Je fusse d’ailleurs plus qu’étonné en arrivant, elle paraissait si vieille que l’idée qu’elle puisse s’effondrer sous l’effet de son propre poids m’eut un instant caresser de sa candide frivolité l’esprit.

Mais non, a voir toutes les installations depuis l’intérieur, ce bâtiment était une valeur sûre, du solide a n’en pas douter. Dire que j’en fus rassurer serais mentir car je me fichais éperdument de la vétusté de l’endroit. Qu’il s’écroule ou reste debout, cela ne changeait rien a mon travail de Bookman. Il ne comblera même pas une phrase complète dans mes archives et enregistrements. L’important était pour le moment d’observer les exorcistes, la vie qui semblait se profiler tout bas au sein de ce lieu mais surtout, l’Héritier.

Celui en qui la confiance du conseil des Bookmen est placée au plus haut niveau. D’après ce que je sais de lui, son pseudonyme actuel se trouve être « Lavi ». Simple, court et facile à retenir. Parfait. Non pas que j’ai une petite mémoire mais un nom a rallonge aurait sans doute un tantinet compliqué ma tâche durant les premiers temps de notre cohabitation. Car oui, il avait beau posséder dans le creux de sa jeune paume les espoirs de ces vieillards aigris, apparemment, ce jeune homme commençait a mal tourner. De ce fait, j’ai été envoyé, moi, Ash Chase, en complément son précepteur afin de le remettre dans les rangs… Par n’importe quelle méthode. J’avais carte blanche.

Je n’avais jamais été aussi libre de mes agissements de Bookman depuis bien longtemps lorsque l’on y pense, ironique tout de même. Mes pas résonnent lentement sur les parois unicolores des entrailles de ce lieu. Il n’y a pas âme qui vive dans le secteur. A moins qu’elles ne se cachent ? Hum, en soit, cela ne serait guère impossible et la véracité de cette hypothèse supposée ne demandait qu’a être vérifiée.

Je le ferais, plus tard. Chaque chose en son temps et instamment, je me dois de répondre diligemment à la sollicitation qui fut montée à mes oreilles.

Enfin je parviens au fameux bureau dans lequel je n’entre qu’à moitié. Leur discours de bienvenue ne m’intéresse guère et les débats sur la qualité du café fait par une certaine Leenalee Lee non plus. Aussi, gardant le silence, me contentant de scruter avec application l’homme en face de moi, j’acquiesce silencieusement lorsque l’on me tends un équipement défini a mon « rôle » au sein du Black Order. Il est vrai que mon singulier patronyme fut inscrit dans le registre dans Traqueurs.

Si tout ce que l’on m’avait enseigné à leur sujet était juste, je savais déjà qu’il me faudrait aller régulièrement sur le « terrain » pour venir en aide aux exorcistes dés lors qu’une mission leur serait affectée. Hum, ces élus… Je n’ai point eu l’occasion de converser avec beaucoup d’entre eux ni même de les apercevoir suffisamment longuement pour le moment mais jusqu’ici, ceux que j’avais eu la possibilité de croiser –par miracle sans doute – m’avait paru porteur d’une outrecuidance démesurée.

Qu’ils prennent garde, plus l’ascension gagne en hauteur et plus la chute de leur petit piédestal illusoire serait difficile et surtout douloureuse. Ce jour là, ils s’en mordront bien les doigts jusqu’au sang, probablement. Et moi ? Simple, ce jour là je serais là à noter le moindre de leurs agissements et autres pleurs qui courseront sans doute les ombres sur les façades internes de la Congrégation.

Un très long manteau de remarquable constitution malgré son apparence ainsi qu’une sorte de balise anti-démons siègent à présent sur mon dos. La lourdeur de l’engin, je dû m’y habitué un peu avant de pouvoir m’aventurer à marcher avec. Instinctivement, j’abaisse ma capuche sur le sommet de mon crâne, afin de dissimulé mon visage, comme le ferait tout historien tel que moi. Cela ne semble pas plaire le moins du monde aux personnes me faisant face, je peux aisément lire l’agacement péniblement caché sur leurs faciès. Qu’importe, ils ne sont pas ma priorité, bien qu’eux aussi finiront par faire partie intégrante de mes mémorisations. Seulement, comme je l’ai dis il y a un instant, chaque chose en son temps. Trop en faire à la fois serait une mauvaise stratégie, voici pourquoi je me contente d’agir point par point, pour un résultat optimal.

Sitôt apprêté, on me désigne déjà une mission. Une missive m’est tendue. Je peux y lire, en belles lettres manuscrites, les instructions que nul n’ose –ou ne veut plutôt – me délivrer par oral :

[ Mission : Pisté une innocence.
Durée : Indéterminée.
Lieu : Suède, Kristianstad.
Coéquipier : Bookman Junior Lavi. ]

Oh tiens, ça pour une surprise, c’en est une bonne que voilà ! Moi qui ne m’attendais pas à le croiser avant un bon moment, voici que l’on m’envoie sur le terrain avec lui. Tant mieux, le gain de temps est phénoménal. Une précision s’éclipse de la bouche de l’un des hommes d’administrations pour couler négligemment à mes tympans.

Apparemment je dois le rejoindre au plus vite dans la Hall car nous partirons dés que le groupe sera constitué. Soit, faisans volte face sans un mot ou quoi que ce soit d’autre, je me dirige vers l’endroit désigné. Il me tarde de le rencontrer… D’autant qu’il ne doit sans doute pas être au courant qu’un autre Bookman joue au profiler avec sa petite personne ni même qu’il s’agit de moi. Je lui annoncerais en temps voulu, loin des oreilles indiscrètes.

Mes chaussures épaisses à l’imposante semelle font écho au silence du Hall d’Entrée. Le soleil pointe ses premières lueurs à travers le vasistas, signe que la journée sera sans doute chaude malgré la saison. J’attends, dépêche toi, Lavi.